Collectif d’animation OSM aux conférences internationales « Understanding Risk (UR) Afrique de l’Ouest et Centrale » et « SotM Afrique » en Côte d’Ivoire

Nov 2019

Dans le cadre de ses activités de soutien à la cartographie numérique libre, avec l’appui de deux experts seniors des Libres Géographes, la Direction de l’Économie Économique et Numérique de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) a soutenu la participation aux travaux de ces deux conférences internationales d’un large collectif d’animation de cartographes OpenStreetMap francophone du Sud, qui malgré leurs actions et leurs dynamiques communautaires au sein de leurs territoires, sont souvent sous-représentés dans ce type d’événements.

Deux conférences jointes aux champs d’intérêts communs et à portée continentale organisées en Côte d’ivoire

Les conférences Compréhension des risques (« Understanding Risk » – UR) regroupent des praticiens de la science du risque à cheval entre l’action humanitaire et l’aide au développement qui sont de très grands utilisateurs des données OpenStreetMap pour la caractérisation de la vulnérabilité des territoires et des maîtres d’œuvre d’action de soutien aux communautés du projet OSM à travers par exemple le programme des villes ouvertes en Afrique (« Open Cities Africa ») initié en 2018 dans certaines villes du continent par la Banque Mondiale. « Understanding Risk (UR) Afrique de l’Ouest et Centrale », qui s’est tenue du 20 au 22 novembre 2019 à Abidjan, a été la première bilingue avec traduction simultanée anglais-français organisée en Afrique, dans le but de faciliter les échanges entre les participants.

Les conférences State of the Map (SotM), littéralement « état de la carte » en français, sont les événements communautaires majeurs du projet OpenStreetMap, un point de rencontre important ainsi qu’un indispensable lieu d’échanges à l’occasion de présentations, de tables rondes ou de travaux en ateliers qui couvrent tous les aspects de la vie du projet OSM. S’y discutent aussi bien les actualités des projets de cartographie relatifs à une thématique ou à une zone géographique donnée, que les outils logiciels, les techniques ou méthodologies novatrices, les questions de gouvernance ainsi que tout type de sujets liés à la dynamique de cette communauté agissante et diverse. Le « State of the Map (SotM) Afrique », deuxième du nom au niveau continental, après celui de Kampala en 2017, sans compter des initiatives régionales comme par exemple le SotM Burkina Faso de 2015, a été organisé par un comité local assisté d’un comité continental, avec l’appui de plusieurs sponsors. Il s’est tenu sur trois jours, prenant le relais de la conférence UR en partageant le même lieu le 22 novembre, puis en se déplaçant pour les deux jours suivants organisés dans la ville historique de Grand Bassam.

Un collectif francophone de 18 personnes représentant 10 nationalités

Un appui a été fourni par les experts LLg pour l’inscription de l’ensemble du collectif d’animation à la conférence UR ou pour les formalités de visa pour l’expert malgache. Compte tenu de la taille du groupe d’experts impliqués, des offres d’hébergement classiques limitées à Grand Bassam, mais aussi pour privilégier l’accès à des espaces communs, les experts senior, en charge de la préparation logistique, ont privilégié un hébergement en différents appartements loués sur la plateforme Airbnb, aussi bien sur Abidjan que Grand Bassam. Cette solution a également permis de loger d’autres membres de communautés OSM géographiquement proches, en mesure de voyager par la route pour rejoindre Abidjan depuis Bouaké, Lomé ou Cotonou. Des onze experts pris en charge par l’OIF, provenant du Tchad, de Madagascar, du Burkina Faso, du Niger, du Sénégal, de France et de Guinée se sont ainsi rajoutés sept autres personnes : quatre membres de la communauté OSM de Bouaké ainsi que respectivement un et deux membres des communautés OSM du Bénin et du Togo, portant ainsi le total du collectif à dix-huit individus, à comparer au total de dix-neuf personnes invitées par les organisateurs du SotM Africa via scholarship.

Pour la très grande majorité des membres de ce collectif, il s’agissait de leur première participation à la fois à une conférence mise en œuvre par une organisation internationale et à une conférence SotM de rayonnement continental. Une salle de travail a également été réservée au sein du Village des Technologies de l’Information et de la Biotechnologie (VITIB) pour accueillir la séance de restitution post conférences qui s’est déroulée le lundi 25 novembre.

De multiples interventions reflétant les expériences et engagements communautaires du Sud francophone

Lors des deux conférences, les membres du collectif d’animation ont pu faire partager les expériences OpenStreetMap qu’ils et elles ont fait naître et croître en Haïti et en Afrique subsaharienne francophone. Leurs communications ont reflété la richesse des pratiques OSM dans les sud francophones en associant les actions réalisées depuis 2010, en partie avec le soutien de l’OIF-DFEN depuis 2014, qui ont permis l’émergence et le renforcement de communautés OSM francophones au Sud à travers des actions de formation spécifiques ou des projets spécifiques comme CarteInnov, sous-tendus par des dispositifs d’animation originaux, que des aspects de gouvernance de l’écosystème OSM par rapport à sa fondation ou dans ses pratiques de cartographie collaboratives. Ainsi, les différentes présentations des membres du collectif lors d’Understanding Risk et du State of the Map Africa 2019 ont abordé les thématiques suivantes :

  • une sensibilisation à OpenStreetMap, son adaptation et ses déclinaisons en Afrique francophone à travers des projets communautaires et académiques en cours et un panel de discutants provenant de différentes communautés OSM francophones (atelier Découvrir le monde d’OpenStreetMap) ;

  • deux ateliers pratiques sur des méthodes de collecte de données de terrain (KoBoToolbox et Field Papers) ;

  • des présentations dédiées à des projets s’appuyant à la fois sur OSM et ses communautés africaines francophones (Cohesion à Bouaké en Côte d’Ivoire, CarteInnov en Haïti et dans les pays africains subsahariens de la Francophonie, API transport au Togo, Map and Jerry au Bénin, cartographie des points d’eau dans certaines zones rurales du Mali) ;

  • des projets communautaires (OSM Niger, État de la carte au Bénin) ;

  • les thématiques OSM et genre, OSM et les Objectifs de Développement Durable ;

  • la gouvernance OSM (règles de la Fondation, état actuel de la gouvernance dans les collectifs francophones du Sud) ;
  • des prises de position et critiques de pratiques en cours (Reclaim the streets, Mapathon Mapathon Mapathon). L’ensemble de ces communications constitue bien de véritables sessions francophonie du sud et africaine qui rendent compte de la richesse et la diversité des activités qui y ont cours.

Il convient aussi de mentionner la journée consacrée à OSM pour le transport (OpenStreetMap4Transport) organisée par l’AFD le samedi 23 novembre en tant que sponsor platine du SotM Africa, avec l’aide des Libres Géographes. Cette thématique, qui a connu une forte audience pour ce type d’événement, a notamment permis à certains des membres du collectif d’animation de partager des retours d’expériences de cartographie OSM de transport en commun réalisées par des communautés OSM africaines (Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Burkina Faso, Madagascar, Sénégal et Guinée), qu’elles soient soutenues financièrement par des organisations internationales ou qu’elles agissent de manière bénévole, et de revenir sur les pratiques de bonne gouvernance pour tout acteur souhaitant collaborer de manière harmonieuse avec les collectifs OSM, dans le respect de l’éthique OpenStreetMap et des règles de sa Fondation.

La démonstration de la transversalité des expériences des communautés OSM francophones et de leur capacité à mettre en œuvre de projets autour d’OSM, mais aussi des limites à faire porter leur voix dans un écosystème anglophone

Concernant les activités à prisme communautaire, les présentations du collectif d’animation ont montré qu’elles ne sont plus seulement portées soit par une personne en particulier, soit par un groupe constituant le cœur d’une communauté locale de rayonnement national, mais de plus en plus par des groupes transversaux issus de communautés francophones parfois distantes, mues par l’envie de répliquer localement ce qui a bien fonctionné ailleurs et de prolonger des échanges nés notamment lors des actions de formateurs de formateurs soutenues par l’OIF-DFEN. Cette tendance se dessine notamment autour des ateliers dédiés à des bénéficiaires féminines visant à accroître leur proportion au sein des communautés OSM (initiative GirlsMap) ou autour d’activités communautaires de cartographie de transport public.

Concernant les projets soutenus financièrement par un partenaire ou un donneur de fonds, les deux conférences UR et SotM Africa ont montré la capacité des individus et des noyaux expérimentés des communautés à répondre aux attentes de ces structures, qu’il s’agisse d’acteurs nationaux ou internationaux (organisations internationales, ONG internationales, structures publiques engagées dans la coopération décentralisée). Pour les membres du collectif d’animation francophone, les deux conférences ont d’ailleurs servi de pivot pour l’établissement de nouvelles relations tant avec des individus ou structures travaillant sur la gestion des risques à un niveau local ou international qu’avec d’autres membres de la communauté OSM globale, francophones et anglophones, présents à ces conférences. Néanmoins, pour beaucoup de membres du collectif d’animation, ces conférences ont été l’occasion de mesurer les limites, dès lors qu’ils ne maîtrisent pas l’anglais, de leurs tentatives d’interaction avec des non-francophones, et la frustration de ne pouvoir réellement échanger avec eux.

Au final, on ne peut que constater l’importance de l’impact que produit cette activité d’organisation de la présence de cartographes du nord et du sud dans ces conférences SotM ou de facilitation de leur implication dans la gouvernance du projet OSM, notamment au niveau de la Fondation OSM (OSM).

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